L'unité apparente de l'église est le fruit paradoxal d'hésitations architecturales, d'évolutions liturgiques et de difficultés de financement.
De 1230 à 1234, les Frères prêcheurs bâtissent une église rectangulaire, moitié moins haute et moitié moins longue que l'église actuelle. Très sobre pour respecter l'idéal de pauvreté de cet ordre mendiant, elle comprend une nef au nord réservée aux Frères et une nef au sud pour les fidèles venus entendre leurs prédications. Ces deux espaces sont séparés par des piliers et des cloisons. Les fidèles entrent par le portail ouest, un des plus anciens vestiges du couvent.
Devant le succès des prédications, l'église est allongée entre 1245 et 1252, avec la construction d'un vaste chœur bordé de chapelles.
Une solution architecturale spectaculaire : le palmier
De 1275 à 1292, le chœur est surélevé et voûté. Après quelques tâtonnements, une solution technique inédite est imaginée pour voûter cet espace : une colonne plus large que les autres, couronnée de 22 nervures, impose sa structure définitive à l'église. C'est le fameux « palmier », que Paul Claudel évoquait ainsi en 1951 : « Un pilier unique d'où s'échappe de tous côtés un torrent de nervures, une chevelure de directions, une ascension de palmes, qui ne s'élèvent que pour retomber circulairement, comme succombant au fruit. »
A la fin du XIIIème siècle, l'église des Jacobins présente une curieuse juxtaposition : la nef est près de 15 mètres inférieure au nouveau chœur ! Elle sera surélevée à partir de 1323. L'ancienne couverture charpentée est remplacée par une voûte qui prolonge celle du chœur.
Une église pour accueillir et diffuser la lumière
La lumière entre par vingt grandes fenêtres surmontées par une ouverture ronde, en forme d'œil. Deux rosaces trouent également la façade occidentale. Les vitraux médiévaux ont été déposés en 1816. Les baies ont été murées, puis rouvertes au XXème siècle. C'est le maître verrier Max Ingrand qui réalise les vitraux du chœur de 1951 à 1964. Les vitraux de la partie est sont réalisés par Emile Ader entre 1923 et 1928. Leurs reflets changeants, à dominante bleue à l'est et rouge à l'ouest, font chatoyer l'église à toute heure.
Les reliques de saint Thomas d'Aquin conservées sous l'autel
Les reliques du dominicain Thomas d'Aquin (1225-1274), théologien et philosophe, sont conservées sous l'autel majeur. Dans la tradition catholique, les restes physiques du corps - reliques - ou du vêtement d'un personnage illustre sont conservés dans un monument particulier. Exécuté avec des matériaux précieux, le reliquaire de Thomas d'Aquin rappelle le volume d'une église.
Deux autres reliquaires précieux ont été installés à proximité. Le premier, créé à Toulouse en 1852, est en bois argenté et doré. C'est une chapelle néo-gothique qui permettait de conserver le crâne du saint. Il a été réalisé à l'initiative de l'archevêque de Toulouse, du clergé de Saint-Sernin et du chevalier du Mège durant la restauration des cryptes de la basilique.
Le deuxième reliquaire a été commandé en 1874, après les fêtes du VIe centenaire de la mort de saint Thomas. Sa forme évoque aussi une église gothique. Les médaillons sur les côtés rappellent les moments de la vie de saint Thomas. L'œuvre a été conçue par Joseph Favier, orfèvre à Paris. C'est un monument en bronze doré, émaux et pierreries qui conservait les reliques du corps du saint.
Et quelques surprises...
En étant observateur, vous pourrez remarquer quelques amusantes sculptures dans l'église : petites mains, petits pieds, grenouille, souris, ou petits personnages farceurs se cachent au pied de certaines colonnes.
Ouvrez l'oeil !